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Du côté de chez Léon.
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Dim 9 Déc - 17:02

Travaux. Ce moindre mot suffisait à faire trembler un parisien. Obstacle infranchissable vous obligeant à faire des détours, les travaux étaient en quelques sortes le baptême du feu pour les nouveaux arrivants. S'il y avait bien pire que la jungle parisienne, c'était la jungle parisienne en travaux. Et c'était à cause des travaux dans le métro que Svern s'était retrouvé dans le treizième alors qu'il essayait désespérément de rentrer dans son nouvel appartement, en plein milieu du neuvième. Et aucune rame pour le ramener près de chez lui, pas assez de thunes pour prendre un taxi et encore moins de courage pour marcher, sans compter sur le beau temps parisien qui le trempait jusqu'aux os. Il sortit son téléphone, hésita un moment puis finit par compter un numéro, priant pour qu'on lui réponde. Il connaissait bien quelqu'un dans le treizième, mais ça faisait quelques temps qu'ils ne s'étaient pas vus. Léon. Svern l'appréciait beaucoup et l'avait rencontré dans un musée mais le jeune homme avait finit par ne plus donner de nouvelles du jour au lendemain. Svern avait appris qu'il était devenu aveugle et qu'il était reparti chez ses parents ainsi, dans un soucis de laisser son ami se remettre son ami de ses émotions, il n'avait pas appelé de suite. Puis il avait oublié, happé par son routine éreintante. Et maintenant, Léon ne répondait plus. Ce n'était pas vraiment une surprise, mais quand même, pour tous les verres qu'avait pu lui payer Svern, il aurait pu faire un effort. Quoique, quand on est aveugle, un téléphone doit être dure à retrouver, encore plus la touche décrocher. Un téléphone en braille peut-être ? Svern secoua la tête, ses cheveux gorgés d'eau fouettant l'air autour de lui, avant d'essayer de reconnaître les lieux. Les parents de Léon. Des vieux. Ils étaient chiants, comme tous les vieux, et Svern ne se voyait pas vraiment sonner à la porte en demandant gentiment de voir leur fils. Il avait l'air d'une pute aujourd'hui, avec son tee-shirt blanc détrempé qui laissait entrevoir chaque parcelle de son corps, son jean usé trop serré et son blazer noir lui donnant plus l'allure d'une fillette que d'un homme de 20 ans. Sans compter sur sa cascade de cheveux blonds qui entouraient son visage blanchâtre. Le fantôme d'une pute alors. En serrant les bras sur son torse mouillé, Svern finit par se décider. Il irait voir Léon. Il le connaissait, deux jours sans peindre ou voir un tableau et il se mettait à se lamenter comme une fillette. Alors trois mois sans rien voir, il devait être en train de pleurer comme une loque, coincée sous sa couette en train d'écouter l'intégrale de Britney Spears. Pauvre Léon. Et Svern, comme un abruti, qui n'avait même pas pensé à l'appeler. Parce que bon, entre nous, lui envoyer un sms aurait été plutôt débile.

Au bout de vingt minutes de marche, c'est en tremblant de partout que Svern finit par arriver devant la résidence des Blaise. La nuit était déjà bien installée et de la lumière se dégageait de ce qui semblait être le salon et la cuisine. Sa mère devait sûrement faire à manger, tant mieux. Svern se recula légèrement, essayant de repérer d'autres fenêtres. Ce qui semblait être une chambre de fille, la petite sœur bien charmante de Léon puis enfin, un carré noir. Cette feignasse était sûrement en train de se morfondre dans le noir. Enfin, noir ou lumière, il ne devait y avoir aucune différence pour lui. Svern ne se décida pas à sonner. Il savait bien que les parents de Léon ne lui ouvriraient jamais, il était de trop mauvaises fréquentations pour eux. Sa petite sœur peut-être ? Svern chercha dans sa poche et trouva quelques pièces de monnaie. Il pouvait toujours les lancer à sa fenêtre. Il rata le premier lancer. Puis le deuxième. Le troisième aussi. Il passa les dix minutes suivantes à chercher les soixante-cinq centimes qu'il venait de lancer. Le temps qu'il se relève, la lumière était éteinte. Bon, tant pis, Svern prenait le risque. Il resserra ses grosses rangers et fit un bon double nœud avant de se lancer à l'assaut de la façade en pierre, s'accrochant difficilement à la gouttière et aux rebords des fenêtres. Il glissa sur la pierre humide mais finit par parvenir à s'accrocher à la balustrade en ferraille qui servait de petit balcon, mais où il n'y avait aucune jardinière ou connerie de ce genre. Quelques cadavres de bouteille tout en plus. Sans aucune délicatesse, Svern se colla à la fenêtre, essayant d'apercevoir une quelconque silhouette ou un signe de vie, en vain. Il tenta d'éclairer la pièce avec son portable, ses yeux se faisant petit à petit à l'obscurité. Il était là, assis en plein milieu, bougeottant faiblement. Sa chambre avait l'air sacrément en bordel. Enfin, plus que d'habitude. Svern attendait que Leon se retourne pour le découvrir, à moitié accroupie, grimaçant derrière sa fenêtre. Puis il se souvenu. Léon ne pouvait plus voir. Le con, il était en train de louper le fou rire de l'année là. Svern finit par tapoter légèrement sur la vitre, attendant une réponse. Rien. Il était devenu sourd aussi ? Svern commença frapper plus fort sur la vitre, qu'il espérait assez épaisse pour ne pas se briser sous les coups. Il était trop fauché pour payer une vitre. Il frappa à la fenêtre, encore et encore, finissant par gueuler comme s'il était bourré « GROOOOOOOOOS ! OUVRE C'EST SVERN ! » dit-il, dans un soucis de s'annoncer poliment.
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Dim 9 Déc - 21:39
Du côté de chez Léon.  Tumblr_lu85y8KyRM1r2q2vbo3_500

Aujourd’hui c’était Lundi, ou peut-être mardi ? En fait Léon n’en savait rien. Depuis qu’il avait perdu la vue tous les jours de la semaine se ressemblaient pour le jeune homme. Il s’était installée dans sa vie une monotonie de mort face à laquelle il se sentait totalement impuissant. D’ordinaire Léon détestait rester inactif et avait toujours une idée saugrenue pour pimenter l’instant présent alors que là.. nada. Même les activités les plus banales lui semblaient interdites, du genre regarder la télé (ah la blague!), jouer à la console, mater des films de boules sur son ordi, peindre… n’en parlons même pas ! Appeler ses potes ? Et pour leur dire quoi ? « Hé salut mec ça te dit de passer chez moi afin que l’on fasse… rien ! Super programme hein ? Allez je t’attends ça va être bamboula! ». Définitivement non, ce n’était pas possible. Il n’avait pas envie de jouer à l’handicapé avec ses amis. Du coup afin d’oublier la déprimante routine de son existence Léon s’était mis à boire, beaucoup. Beaucoup, beaucoup. Ce qui entre-nous n’arrangeait pas beaucoup son état… Lorsqu’on voit que sobre Léon se casse la gueule tout l’temps je vous laisse imaginez ce que ça peut-donner quant-il est bourré…Cercle vicieux. Ces bouteilles c’était sa frangine qui les lui ramenait, elle n’avait pas l’air enchantée de le faire mais comme c’était la seule chose que Léon lui demandait… elle obéissait. Elle devait se sentir coupable elle aussi. De quoi ? Je ne sais pas. Léon dormait beaucoup aussi, genre.. 20heures sur 24 ! Au début il se faisait sans cesse réveiller par la sonnerie de son téléphone, des gens qui cherchaient à le joindre et à qui il n’avait pas la moindre envie de parler. Du coup il avait fini par le couper entièrement et s’était enfoncé toujours plus dans son bad. Il n’avait de nouvelles de personnes et il n’en donnait à personne. Voilà. Fini les petits sextos échangés en catimini ! Haha. Léon n’avait parlé à personne de son état mais il ne doutait pas que sa sœur ou même ses parents s’en soient chargés pour lui.

Le pire dans tout ça c’était ses parents ! Lui qui s’était cassé de la maison familiale dès qu’il l’avait pu était aujourd’hui contraint, dans le pire moment, de les supporter une fois de plus. Comme si il avait eu besoin de ça… l’horreur ! L’autre jour son vieux avait carrément pris la décision de démonter la serrure de Léon afin qu’ils puissent « surveiller » qu’il ne fasse pas de connerie. Mais quelles conneries pouvaient-ils bien faire, on se le demande ! En vérité c’était d’avantage parce qu’ils redoutaient que Léon meurt d’un coma éthylique durant son sommeil, ce qui en soit était loin d’être con comme crainte.

Toutefois la nouvelle situation de Léon n’était pas perdue pour tout le monde puisqu’elle avait favorisée un rapprochement certain entre lui et… son chien ! Oui, oui. Une belle histoire d’amour est née ! -bus-. D’ailleurs, en ce moment même, Léon était assis sur le sol de sa chambre, au milieu de l’immense bordel environnent, descendant une bouteille de Jack Daniel et discutant avec son chien (d‘un sujet très intéressant dont-je ne soufflerai pas mot ici histoire de préserver leur intimité!).
Soudain Goethe commençât légèrement à s’agiter et se mit à respirer plus fort que la normale, signe qu’il avait repéré quelque chose de suspect -(oui Léon était devenu expert en décryptage de sensations canines!). Un bruit se fit entendre à la droite de Léon et ce dernier ne put s’empêcher de sursauter. On aurait dit que quelqu’un venait de frapper à la fenêtre de sa chambre, côté extérieure. On toqua de nouveau et une voix familière s’éleva bientôt dans les airs. Svern ? Mais qu’est ce qu’il foutait là ? A la fenêtre ? Dehors ? Comment ? Tout d’abord Léon avait pensé ne pas lui ouvrir mais finalement il s'est dit que son pote avait peut-être un problème… C’était bien le genre à se fourrer dans des emmerdes. Goethe qui avait dû confondre le jeune homme avec un voleur et était à présent entrain d’aboyer comme un dément. Au bruit que faisaient ses griffes sur la fenêtre Léon l’imaginait très bien, hissé sur ses pattes arrières entrain de s’en prendre à Svern au travers de la vitre. Doucement le jeune homme entreprit de se lever et de s’avancer vers la fenêtre. Il n’était pas sûr de la trajectoire mais ne voulait en aucune façon s’aider de ses mains afin de ne pas jouer à l’autiste handicapé devant son pote. Il en avait déjà vu des aveugles dans la rue et s’avait très bien à quel point ils pouvaient avoir l’air cons et maladroits. Il ne voulait pas qu’on l’identifie à ça, non. Arrivé à près de la fenêtre il fût cependant contraint de tâtonner un peu afin de trouver la poignet et d’ouvrir la vitre. A sa gauche Goethe hurlait toujours à la mort et Léon lui asséna une gifle dans la gueule pour le faire taire.
Un courant d’air vivifiant rentra dans la pièce et Léon entendit même le bruit de la pluie qui tombait au dehors. Qu’Est-ce que Svern foutait sous la pluie, dehors, pendu à sa fenêtre tel un amoureux éperdu tout droit sorti d’un film pourri à l’eau de rose ?

- « Svern ? Qu’Est-ce que tu fiches a ma fenêtre ? Il t’est arrivé un truc ? »

Pour la première fois de sa vie Léon venait de s’adresser à son pote sans le voir, sans être ébloui par la blondeur provocante de ses cheveux ! Jamais plus il ne verrait sa gueule d’arrogeant et sa carrure d’allumette à la diète. Avec son physique si particulier Léon avait souvent songé à faire une caricature de son ami mais il n’en avait jamais trouvé le temps. Maintenant il n’aura plus l’occasion de peindre quoi que ce soit de sa vie. Léon regardait dans le vague, espérant d’abord que ses yeux croiseraient spontanément ceux de son pote afin de ne pas avoir l’air trop à côté de la plaque. Puis il décida finalement qu’il était plus sage de regarder ses mains ; y’avait moins de risque de se tromper comme ça.

- « Tu peux pas trop rester là vieux… »
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Lun 10 Déc - 18:35

Le chien émergea de l'obscurité en une seconde, se jetant sur la fenêtre avec rage. Le choc fit reculer Svern mais, heureusement, la rembarre le retint dans sa chute. Cette saleté de clébard s'acharnait sur la vitre, la griffant avec acharnement tout en montrant ces crocs. Il aboyait comme si Svern était un démon revenu des enfers. Le norvégien tapa à la vitre pour calmer la bête, mais celui-ci s'énerva encore plus. Il ne reconnaîtrait pas dans la pénombre, ce con. Le moment que passa Svern adossé à la rambarde s'éternisait alors qu'enfin, l'ombre de son ami émergea à la fenêtre, cherchant maladroitement la poignée pour ouvrir la vitre. La pluie martelait encore le crane de Svern alors que Léon corrigeait son chien, qui finit par retourner dans l'ombre inquiétante de la chambre. Et c'est alors que Svern aperçut un fantôme. Léon était maigre, frêle, presque autant que le norvégien. Sa peau était devenu flasque à cause du manque de lumière, oscillant entre le verdâtre et le blanchâtre, son visage défiguré par les cernes et, à en croire l'odeur forte, l'alcool. Svern ne chercha même pas à se réfugier dans la chaleur de la chambre, il restait cloué sur place. Léon était dégueulasse. Et lui, comme un con, en train d'attendre devant sa fenêtre. « Svern ? Qu’Est-ce que tu fiches a ma fenêtre ? Il t’est arrivé un truc ? » Le norvégien mis quelques secondes avant de se ressaisir, voyant son ami dodeliner de la tête pour chercher son regard, en vain. Léon avait finit par tourner la tête. « Il m'arrive toujours des trucs. » finit par lâcher le norvégien de sa voix grave, toujours troublé par la vision de son ami. « J'aime bien ta fenêtre, c'est tout. » fut la seule chose qu'il réussi à articuler. Il n'avait pas pensé à ça. La confrontation. Voir son pote dans cet état. A quoi s'attendait-il ? Se pointer comme une fleur, descendre un verre et squatter en parlant des peintures de Léon. Presque comme un enfant fautif, Svern baissa la tête, soudain prit de remords. Heureusement que Léon était aveugle, sinon il se serait bien foutu de sa gueule. Il allait s'excuser et partir, laisser Léon seul, c'était sans doute ce que le non voyant voulait maintenant. « Tu peux pas trop rester là vieux…  - Quoiiiiii ? » fut la seule réponse de Svern. Il posa sa main sur sa hanche avant de dévisager son ami d'un air énervé. On ne refoulait pas Svern comme ça. « Tu me vois pas, mais j'ai ma tête de pétase énervée la. Bouge. » dit-il, tout en poussant légèrement son ami avant de rentrer dans la chambre, inondant le sol par la même occasion. Au diable la solitude de Léon, on ne recale pas Svern Mikkos Kristiansen à l'entrée, même pas à celle d'une chambre. Même si c'est une fenêtre. Point. Pas de discussion.

Ce con de Goethe vint à la rencontre de Svern en remuant la queue, comme s'il venait d'oublier son comportement agressif quelques secondes plus tôt. Svern finit par lui tapoter le dessus de la tête – des fois que ce con le morde. « D'où je peux pas rester ? » enchaîna Svern, tout en commença à se débarrasser de ses vêtements trempées « J'me fous à poil et je te vole des fringues, parce que ça va faire une heure que je marche sous la pluie. » dit-il en commençant à fouiller dans l'armoire de Léon, piochant par ci et par là de quoi être à peu près présentable. De toute façon, il était aveugle, il ne saurait jamais ce qui lui manquerais. C'était déjà ça. « Si tu veux pas que je reste, je vais dans la chambre de ta sœur, ça me dérange pas du tout gros ! » Svern alluma la lumière, contemplant le désordre régnant dans la chambre. Des cadavres de bouteilles jonchaient le sol, des poils de Goethe se retrouvait un peu partout, ça puait, il restait dans un coin quelques vestiges d'une ancienne toile, déchirée. Svern affichait un air triste. C'est clair que d'habitude, la chambre d'un mec de vingt ans, c'était pas ce qu'il y avait de plus beau à voir, mais on aurait cru voir là le repaire d'un SDF. Le chien arrêta de tourner autour du Norvégien et alla s'allonger au pied du lit, complètement défait. Tout en contemplant Léon, Svern s'alluma une cigarette et en tira quelques lattes. Il ne savait pas quoi dire. Encore moins par où commencer. S'il devait s'excuser d'avoir été absent dans ce qui semblait être une période difficile. Ou tout simplement d'être là. Il soupira plusieurs fois, ne trouvant pas le courage de s'élancer. Bon. Il finit par croiser les bras en se jetant sur le lit, laissant la cendre de sa cigarette virevolter autour de lui. « Gros. » finit-il par dire doucement, tout en se laissant dans une observation poussé du plafond. Pas si poussiéreux que ça, mais on pouvait apercevoir quelques poils de Goethe accroché à une toile d’araignée, dans un coin. Mais comment ils avaient put arriver là ? « Ton putain de chien est en train de me lécher les pieds. » fut la première chose qu'il réussi à articuler, sa clope coincé entre les lèvres et la langue des Goethe entre ses orteils. La bave chaude et répugnant du chien coulant sur sa plante de pieds sembla pourtant lui donner du courage pour enfin parler sérieusement à son ami. Dans un grincement, il se redressa sur le lit, s'appuyant sur ses coudes. « Pourquoi tu m'as pas appelé ? » dit-il. « T'aurais pu venir squat chez moi au lieu de revenir chez tes vieux ! En plus maintenant j'ai un super appart et j'arrive à le garder ! ». Il jeta son mégot dans une bouteille vide, attendant une quelconque réaction de la part de Léon.
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